Julian Yi-Zhong Hou, XVI. Peace, 2022. Vitrail à feuille de cuivre. Vue d’installation à la Music Gallery, Toronto. Photo: Hao Nguyen.
Julian Yi-Zhong Hou, XII. Clubs, 2022. Vitrail à feuille de cuivre, pierre de sang. Vue d’installation à la Music Gallery, Toronto. Photo: Hao Nguyen.
Julian Yi-Zhong Hou, XVII. Node, 2022. Vitrail à feuille de cuivre, mirroire. Vue d’installation à la Music Gallery, Toronto. Photo: Hao Nguyen.
Julian Yi-Zhong Hou, XX. Chip, 2022. Vitrail à feuille de cuivre, quartz fumé, pierre de taille, grenat rouge, citrine, saphir, tourmaline verte, tourmaline noire brute, topaze bleue, tanzanite, serpentine, sodalite soleil couchant, péridot, agate dentelle bleue, calcite citron, labradorite. Vue d’installation à la Music Gallery, Toronto. Photo: Hao Nguyen.
Prayer for 4 speakers est une installation crée le cadre de Strange Relief, une série d'événements organisée par Second Spring et accueillie par Music Gallery en juin 2022 au 918 Bathurst St. à Toronto. Voix de Amy Gottung, Trevor Shikaze, et Andrea Actis. Soutien musical par Michael Loncaric et Dylan Godwin. Pour plus d'informations, voir ici.
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Un zéro, zéro un, deux deux.
Deux feuilles chutent et effleurent le revers de ma main gauche, deux feuilles chutent maintenant du revers de ma main—quatre feuilles, effleurent, une feuille. 33 mots.
Ensemble nous parlons — partageant mots à répétition, nombres à répétition — à l’unisson, en superposition, séparément, en chœur. Deux voix à l’oreille gauche, deux voix à droite — un quatuor entre les deux. Prière de répéter avec moi, car quatre oracles nous guettaient. Il y avait quatre coins, quatre émetteurs, quatre murs, la salle un rectangle. Quarante-quatre degrés à gauche, la salle maintenant un diamant. La salle une valence de la salle.
Toujours quatre émetteurs. Deux émetteurs face à toi, deux émetteurs à tes coins. Deux émetteurs en échange, reposant sur des chaises, se retournant à gauche et à droite. Face à face, une chaise entre les deux, sous un toit s’élevant d’un ton, refermant les quatre murs. Maintenant quatre tons — trois harmonieux, un diaphane. Quatre do dièse s’élevant dans l’air de la salle. Quatre do dièse s’élevant comme l’air de la salle — parmi la poussière et dans l’éclairage d’une ouverture dans la chute du toit. Il n’y a presque pas d’intervalle. Un ton relance l’air de la salle. C’est à la vitesse de la salle, c’est le mouvement de la salle. La musique relance l’air avec éloquence; c’est hanté.
Encore quatre relances — trois rapides, une changeante. Puis quatre frappes, quatre sons — ensemble le son d’une frappe. Quatre balles de 333 pieds — au Comiskey Park, au Wrigley Field, au Exhibition Stadium, au Fenway Park. Trois retraits, un circuit. Quatre champs comme quatre salles ouvertes, sous l’emprise des mêmes règles, les règles répétées et modulées. Les champs éclairés par l’ouverture dans l’atmosphère terrestre, éclairés par un pan continu de lumières artificielles. Les salles ne sont pas cinématographiques, c’était un rêve — de fragments, de répétition, d’apparition. Elles sont un rêve où la répétition se révèle en apparition.
333 mots fendent l’air. Ainsi une bouche est une bouche.
Ensemble nous parlons. Nous formons des forums favorables. Toi à distance, les kilomètres se répétant, le paysage se modulant au compte. Un perroquet à la plage. Deux perroquets à la plage. Quatre perroquets à la plage (là où l’herbe peut pousser presque quatre fois par année). Un jour, un jour, un jour, une nuit. Trois rêves, une répétition — chacune en chœur de l’autre.
Tu me hantes avec mes mots, mais ce ne sont pas les miens. On se les emprunte, on se les répète — ensemble le son d’un mot. Le son forme, s’efforce maintenant avec force, à 444 mots, l’air évacue nos corps, le corps des émetteurs, les oiseaux qui se multiplient à mesure que tu te retournes à gauche. Un émetteur, deux émetteurs, quatre émetteurs. Un nombre augmenté par trois figures, assises face à une même direction, à l’écoute de l’air en mouvement entre elles. L’air de gestes musicaux momentanés, en mouvement contre quatre pendules de vitrail vibrant furtivement sur leurs chaînes à son passage, modulant la salle sans un son. La salle encadrée de bois, contenant tout cela. Une feuille, des bois, un chêne. Quatre feuilles de verre qui pendent de la chute du toit, traversées de lumière, créant le ton des couleurs de la salle, créant le cadre des quatre coins d’un losange. Le quatre de diamant chute sur table, car quatre oracles nous guettaient. Quatre émetteurs émettants émirent. Quatre voix en écho au son de quatre do dièse — un appel et une réponse, un écho, un miroir, un chœur. Les sons s’éteignent doucement, la salle s’essouffle.
Il y a maintenant des mois qu’on ne s’est pas vu. Il est 6h46. J’ai vu les images, elles captent la salle. Elles captent le disque de sa lumière — la salle dans la valence de cet instant, filtrée par la voix de la caméra. Le son que l’on entend n’est pas un souvenir, mais une prémonition de la salle vibrant au cœur de douces cascades de son. Deux voix; un chêne.
Dans le métro du retour, je ne compte pas les wagons. La salle du métro un rectangle, maintenant un S. Nos mots un souvenir et un script. Le mouvement de mon corps et le mouvement de ma mémoire en contrepoint, leur lancée plus ample que ma capacité à les capter. Je rate presque mon arrêt. Deux feuilles chutent maintenant du revers de ma main gauche.
Sept, cinq, zéro.
Traduction: Marilou Craft
Les passages en italiques sont tirés de l’essai « Composition as Explanation » (1925-1926) et du poème « Cézanne » (1923) de Gertrude Stein, dans notre traduction.
Julian Yi-Zhong Hou est un artiste multidisciplinaire qui réside en Colombie-Britannique, au Canada. Son travail s'articule autour de thèmes mystiques contemporains, notamment la conscience, la synesthésie, la symbologie et les systèmes de divination expérimentaux. Ses œuvres récentes ont été présentées sur e-flux et dans des espaces tels que Artpace San Antonio, The Music Gallery (Toronto), Zalucky Contemporary (Toronto), Contemporary Art Gallery (Vancouver), Artspeak (Vancouver) et la Vancouver Art Gallery. Hou est titulaire d'un baccalauréat en études artistiques et culturelles de l'Université Simon Fraser et d'une maîtrise en architecture de l'Université de la Colombie-Britannique. Il collabore à l’espace de projet et d'empreinte Second Spring.
Shane Krepakevich est un photographe amateur né à Saint-Pierre-Jolys, au Manitoba, dans les dernières heures de 1979.